
Photo © Mario Beducci - Unsplash
Dans le cycle « Cafe Poetry », un poème, un papillon, sur les faux-semblants et vraies émotions
Un texte écrit il y a quelques années, né de la fascination que je voue aux papillons de nuit, les hétérocères. Insectes nocturnes, ils sont pourtant attirés par la lumière. Leur passion est si forte, que rien ne peut les arrêter dans le vol enflammé vers la flamme.
Depuis deux chapitres est tombée la nuit
lourde et épaisse mais agitée pourtant
par les vagues de quelques étranges, mystérieux vents
Les paupières fanées, les pupilles en vrille,
assommé par l’encre des pages aux mots lents,
le poète s’évade et s’endort un instant…
En ce même instant, belle, frêle frémit
la flamme de la chandelle et se redressant
contemple ses galbes dans la vitre un moment
Pensant être seule, se penche, se plie… séduit
le beau glaive d’or pur en face d’elle miroitant
Qui des deux brille plus fort : la flamme ou son amant ?
Du fond des ténèbres les observent cependant
vénérant la sublime douce albâtre bougie
un insecte vulgaire – le papillon de nuit
Jaloux, il craque et sort de son cachot néant
attiré par la belle, aveuglé, ébloui
Vole vers elle pour l’enlever au redoutable ennemi
Mais elle le repousse par des aveux brûlants
Le papillon la touche, se retire, resurgit
La flamme infâme l’insulte, en se moquant de lui
Avide de vengeance, l’insecte prend son élan
Se jette sur la flemme, enlace sa mèche qui luit
L’éteint lui ôtant sa beauté, son amant… sa vie
Le soleil se lève, et le poète aussi
Il reprend son ouvrage en ce matin bien gris
Il fallait un instant ou plutôt toute une nuit
La chandelle est morte et le papillon gît
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